Arte: Le corps sous le crayon d'Annette Messager
Annette Messager aime autant les jeux de mots que les jeux de formes. L'exposition de ses dessins aux Beaux-Arts s'appelle donc Melo-Meli, et pas l'inverse. Melo, comme mélodrame, par exemple. Meli, on vous laisse le soin de chercher les calembours scabreux que le mot peut susciter.
Elles sont accrochées par de longues ficelles au cou de neuf bustes de bronze, grands hommes de l'histoire antique et moderne. Cette présentation y ajoute à la loufoquerie de l'ensemble. Les aventures graphiques de Pinocchio courent sur les murs, aventures qui sont autant de transformations et d'improvisations visuelles. Des masques en caoutchouc noir découpé et un torchon brodé à déplier pour mieux voir et lire complètent la présentation.
DES INDICES
La figure humaine en est le sujet principal et, pour autant, elle ne se montre jamais telle quelle, mais par le truchement d'un pantin, d'un masque, de métonymies et d'allusions qui ne se décryptent pas toutes au premier regard. Toutes évoquent de manière oblique ou incertaine le corps, ses fonctions, ses organes, son sexe, sa pesanteur et son contact.
Quand elle dessine, Annette Messager ne travaille donc pas autrement que quand elle conçoit des assemblages et des installations : elle donne au regard des éléments et des indices et laisse au spectateur toute liberté pour les réunir et les interpréter selon sa propre expérience et sa propre histoire. On peut les juger douloureux ou voluptueux, inquiétants ou ludiques. C'est à chacun de choisir, et cela fait que ses oeuvres savent toucher bien au-delà du monde de l'art contemporain. Ses dessins en apportent aujourd'hui une nouvelle preuve.
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