Cine: Crimes et vertiges

Yugin Han et Richie Chen, plongés dans une atmosphère incertaine où tout est piège et ambiguïté. Crédit photos : ARP Sélection
 

Avec Accident, le Hongkongais Soi Cheang signe un séduisant polar d'auteur.

 
Marie-Noëlle Tranchant
 
 
 
 
 
Voulez-vous devenir fou ? Essayez Accident, de Soi Cheang, réalisateur hong­kongais (mais natif de Macao) produit par Johnnie To. Un homme (Louis Koo) voit sa femme disparaître sous ses yeux lors d'un accident, écrasée par une voiture dans une rue de Hongkong. Mais comme c'est un tueur professionnel qui connaît sur le bout des doigts l'art de maquiller les crimes en accidents, on conçoit qu'il ait des doutes sur la véritable nature de ce drame.
 

Soi Cheang en tire un suspense vertigineux et alambiqué mis en scène avec élégance. «J'ai toujours été attiré par les meurtres qui ne laissent pas de traces, dit le réalisateur. Et quand je vois des annonces d'accident, je ne peux pas m'empêcher de me demander s'il n'y a pas autre chose derrière. Même dans la vie de tous les jours, tout ce qui semble fortuit ne l'est pas toujours, on peut y déceler une autre vérité, mais qui échappe.»

Si le scénario est loin d'être clair, c'est exactement ce qu'a voulu Soi Cheang, pour faire participer le spectateur au trouble du personnage, perdu dans une atmosphère incertaine où tout est piège et ambiguïté.

«L'intérêt est de vivre cette inquiétude du héros : il ne voit pas, il ne sait pas. Pour moi, les moments de flottement font partie de la vie, parce qu'on ne comprend pas tout des événements et des gens. Certains l'admettent avec sagesse, mais d'autres, cela les rend fous : ils se perdent en calculs, en conjectures, en interprétations… Je ne dirai pas que je suis sage, car pendant les deux ans de préparation j'ai vécu ce flottement, et je l'ai dépassé quand j'ai cessé d'avoir peur que tout ne puisse pas être compris».

 

 

Rigueur esthétique

Réalisateur de films de genre (action, horreur, fantastique), Soi Cheang inaugure avec Accident une recherche plus personnelle, tant dans l'expérience psychologique que dans la rigueur esthétique.

«Je crois que je vais poursuivre dans cette voie, parce que c'est une façon de renouveler le film d'action, que je n'ai pas du tout envie d'abandonner. J'aime ce cinéma populaire et je n'ai pas envie de laisser tomber le public. À Hongkong, il n'y a pas d'école de cinéma. On est formé sur le tas, et souvent on improvise sur le tournage, selon l'ambiance. On a la structure, et on se lance. C'est à partir de cette spontanéité qu'on peut arriver à avoir une patte personnelle».

 

 

http://www.lefigaro.fr/cinema/2009/12/30/03002-20091230ARTFIG00019-crimes-et-vertiges-.php

 

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