Cultura: La fronde anti-Facebook prend de l'ampleur

Le nouveau système « Instant Personalization » du réseau social suscite la grogne. Avocats et politiques s'en mêlent.

Par Service Actu



Depuis l'introduction en avril dernier du système « Instant Personalization », qui permet à Facebook de partager avec des compagnies partenaires les données personnelles de ses utilisateurs, la grogne qui s'abat sur le bébé de Mark Zuckerberg est sans précédent.

Facebook est habitué à ne pas avoir que des amis. En 2006, les utilisateurs s'insurgeaient contre le tout nouveau News Feed. Et l'histoire se répétait en 2007 avec le lancement de Beacon, un programme qui faisait apparaître sur Facebook les achats de ses utilisateurs sur des sites partenaires.

Boycott, plainte collective et appel des parlementaires

Ulcérés, les employés de Facebook auraient même pris l'habitude de créer des groupes comme « Je déteste automatiquement la nouvelle page Facebook » pour capter les vagues de mécontentement accompagnant la moindre petite modification de l'interface, raconte David Kirkpatrick dans son livre « The Facebook Effect ».

Mais cette fois-ci, le mécontentement va plus loin :

- Mardi, un cabinet d'avocats du Rhode Island (est des Etats-Unis) a déposé une plainte collective contre le réseau social pour non-respect de la vie privée.

- Des parlementaires américains sont montés au créneau, enjoignant dans des lettres enflammées à son tout-puissant PDG de revoir sa politique de confidentialité.

- Mercredi, deux initiatives (« Quit Facebook Day » le 31 mai et « Facebook Protest » le 6 juin), appelant respectivement à quitter et boycotter Facebook, continuent à gagner en popularité.

Matthew Milan, consultant Internet, co-organisateur de « Quit Facebook Day », encourage les utilisateurs à désactiver leur compte jusqu'à ce que Facebook donne les garanties nécessaires: «Nous voulons montrer à Facebook qu'il existe des préoccupations relatives à la confidentialité des données. Au-delà de cette journée d'action, nous devons sans cesse exiger davantage de respect de la part des entreprises qui gèrent nos identités en ligne. »

«Instant personalization», le système qui a mis le feu aux poudres

Le système « Instant personalization » autorise trois compagnies (Microsoft's Docs.com, Yelp et Pandora) à utiliser les données des utilisateurs de Facebook se connectant sur leurs sites pour une navigation « personnalisée ».

Si chacun est libre de se désinscrire du programme, des analyses montrent que la plupart des utilisateurs ne font pas attention au nouveau gadget. Pour les autres, pas moins de 170 options sont possibles pour moduler le volume des données transférables aux sites partenaires. Un casse-tête !

Alana Joy, consultante en stratégie marketing sur les nouveaux médias, est à l'origine du boycott « Facebook Protest ». Elle s'interroge : « Pourquoi accepter des termes de confidentialité plus longs que la Constitution des Etats-Unis ? Pour ma part, je me méfierais d'un produit gouverné par un corpus de règles plus long que celui qui régit un pays. »

Elle ajoute : « Si Facebook n'est pas arrêté ou régulé, cela incitera d'autres entreprises à faire de même. Et Internet, qui a vu le jour comme un espace de libre-partage et d'échange, deviendra un endroit où l'on aura peur d'aller. »

Bientôt 500 millions d'utilisateurs : le raz-de-marée continue

Malheureusement pour les « anti/alter-Facebook », les promesses de désactivation de compte et de boycott (respectivement près de 15 000 et 5 000) ne pèsent pas lourd face aux chiffres des nouvelles inscriptions.

En effet, le seuil des 500 millions d'utilisateurs devrait bientôt être franchi et les déboires actuels et passés de la compagnie n'ont pas ralenti sa croissance, entamée dès sa création il y a six ans.

Danah Boyd, chercheuse spécialisée dans les réseaux sociaux à Microsoft, affirme : « Les utilisateurs ne quitteront pas Facebook en masse [car] ils le trouvent cool et se sont investis dedans. Ils espèrent plutôt que Facebook s'améliorera […]. Au lieu d'inciter les utilisateurs à quitter Facebook ou à le boycotter, nous, technophiles, devrions les aider à comprendre ce qu'il se passe. »

Aucun concurrent sérieux à l'horizon

Facebook a d'autant moins de souci à se faire qu'il n'a toujours pas de concurrent sérieux.

Aux Etats-Unis, un groupe d'étudiants de NYU a récemment attiré l'attention des médias avec un projet de réseau social complétement privé, open source, conçu pour rendre à l'utilisateur le contrôle de ses données personnelles.

Mais le projet, nommé Diaspora, est encore dans les cartons et le restera vraisemblablement longtemps.

Entre-temps, en cas d'inquiétude, il est toujours possible de recourir aux services de Reclaim Privacy, un site qui mesure votre degré d'exposition sur Facebook. Gare aux surprises !




http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/45305/date/2010-05-29/article/usa-la-fronde-anti-facebook-prend-de-lampleur/


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