Cultura: Depeche Mode, perfection visuelle et hymnes lyriques

Sur un grand écran, à gauche, le visage d'un vieillard, peau blanche, barbe et cheveux de neige. A droite, celui d'un adolescent africain, peau brune, traits enfantins. Au Stade de France, à Saint-Denis, samedi 27 juin, le groupe rock Depeche Mode vient de débuter la chanson In Chains, tirée de son nouvel album Sound of the Universe (Mute/EMI). Peu à peu, le visage du vieillard rajeunit, se teinte de brun ; celui de l'adolescent se ride, blanchit. Impossible de ne pas penser aux transformations que fit subir à son corps Michael Jackson, mort jeudi 25 juin, enfant qui ne voulait pas vieillir, devenu quasi translucide et sans couleur.
Cette résonance avec l'actualité ouvre le spectacle visuellement quasi parfait de Depeche Mode. Le groupe britannique est l'un des rares à avoir dépassé le trou noir musical que fut une partie des années 1980 avec ses groupes à l'univers synthétique. Au tout-synthétiseur des débuts, Martin Gore a apporté sa science fine de l'ornement à la guitare, Dave Gahan, le chanteur, son lyrisme. Les projections sur grand écran, l'environnement des lumières, conçus par le photographe Anton Corbjin, font de chaque chanson une séquence assez bluffante.

Ainsi, le gigantesque oeil d'un corbeau qui observe les spectateurs un par un durant Walking in My Shoes. Des démultiplications géométriques des membres du groupe, dans des saturations de rouge, pour It's No Good, ou leurs formes en noir et blanc solarisé pour A Question of Time. Des boules de couleur qui tombent d'un filet au rythme de Policy of Truth et se percutent en rebond. Ou le décalque des génériques des films de James Bond réalisés par le graphiste Maurice Binder (1925-1991) lors du deuxième rappel avec Personal Jesus. Toutes ces images, entre excès et retenue, soulignent la mécanique Depeche Mode.

Sylvain Siclier

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